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Dystopia

Papier - 19,00 €

À paraître le 01/06/2025

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286 pages
Parution : juin 2025
Éditeur : LE VISAGE VERT
ISBN : 978-2-918061-66-3
EAN : 9782918061663

Le Fantôme dans la rose et autres contes visionnaires (1907-1914)

de Lucie DELARUE-MARDRUS

et Nelly SANCHEZ (Auteur·trice de la préface) , Jean-Luc BUARD (Auteur·trice de la postface)

« Le jour tombait. Un couchant ensanglanté d’automne entrait comme une marée par les vitres anciennes. L’ombre s’amassait dans les rideaux ; la lampe n’était pas encore allumée. Le jeune homme vit sa fiancée assise dans un fauteuil, au coin de la grande cheminée où la flamme tombait. Elle était accoudée, la joue dans la main, et, fixement, le regardait dans les yeux.

Son étonnement était tel qu’il ne songeait même pas à poser une question. Il restait là, sans parler, sans bouger, les yeux dans ceux de sa fiancée. Et, petit à petit, avec une terreur incommensurable, à divers signes évidents et imperceptibles, il comprit cette chose : elle ne savait pas qu’elle le regardait.

De toute son âme, il se précipita vers elle. Mais, comme il commençait le geste de tendre les bras, il s’aperçut qu’il ne voyait pas ces bras. Il n’avait pas de bras, il n’avait pas de corps, il n’avait plus rien. Il était invisible.

Et soudain la vérité, l’invraisemblable Vérité tombe sur lui comme un coup de massue. Il vient de s’apercevoir d’un petit détail : sa fiancée est en deuil.

Alors, de sa voix qui ne s’entend plus, il prononce lentement :

— Je suis mort… »

Épouse du docteur Mardrus, traducteur du Livre des Mille Nuits et une Nuit, la poétesse Lucie Delarue-Mardrus (Honfleur, 3 novembre 1874 – Château-Gontier, 26 avril 1945) fait une entrée fracassante dans le conte de presse pour le quotidien Le Journal en 1906 avec une série d’histoires extraordinaires, bizarres, macabres, cruelles, symboliques, merveilleuses, allégoriques, poétiques, en un mot visionnaires, qui pour la plupart n’ont jamais été recueillies depuis leur parution initiale, en dépit de leur pouvoir d’évocation si particulier. Elle en compose 70 jusqu’en 1914, tout en se lançant, dès 1908, dans une carrière de romancière. Les trente-quatre premières sont parues chez le même éditeur sous le titre L’Invitation à la mort et autres contes chimériques.

Ce nouveau recueil, complété d’un dossier, qui réunit les trente-six autres (dont deux cycles de récits liés), parues de septembre 1907 au 31 juillet 1914, achève de révéler une conteuse à la voix singulière.

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